Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/696

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luons respectivement entre elles : seulement il avait répondu que « cette mesure commune, c’est le besoin qu’on en a[1] ». Aristote avait raison : Karl Marx a tort en disant que c’est le travail.

Mais reprenons l’argumentation de ce dernier. Son même raisonnement s’applique aux produits complexes exigeant indirectement du travail en outre de celui que leur propre confection a imposé directement. Pour le fer par exemple, il faut embrasser par la pensée tout le travail nécessaire pour l’extraction du minerai et du combustible, ainsi que pour la construction du haut-fourneau, des fours à puddler et des laminoirs.

« Pendant le processus de la production, dit Marx, le travail passe sans cesse de la ferme dynamique à la forme statique. » Et la conclusion, c’est que, le travailleur constituant par son travail toute la valeur où prix de la marchandise, cette valeur ou ce prix doit lui revenir en entier, comme l’effet à la cause.

— Très ingénieuse et très subtilement présentée, cette première thèse de Marx est infirmée et contredite :

1° Par l’observation interne. En effet, pour évaluer une chose, nous ne demandons jamais ce qu’elle a coûté de travail ou ce qu’elle aurait dû en coûter socialement à ceux qui l’ont faite. Nous jugeons cette valeur en raison de la jouissance espérée, où plus exactement en raison de la jouissance que la résistance à vaincre va nous faire apprécier. Ici l’école autrichienne et les fines analyses de la valeur par Jevons et Karl Menger ont rendu un réel service, en opposant à la théorie de Karl Marx une autre théorie aussi métaphysique et plus fouillée, surtout beaucoup plus juste et tout à fait exempte de conséquences dangereuses ;

2° Par l’observation externe. L’expérience donne d’innombrables démentis à la théorie de Marx. Comment, avec cette théorie, pourriez-vous expliquer la perte de valeur

  1. Supra, p. 17.