Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/699

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l’argent en marchandises qui servent d’éléments matériels d’un nouveau produit, et en leur incorporant ensuite la force du travail vivant, transforme la valeur du travail passé, travail, mort, devenu chose, en capital, c’est-à-dire en valeur grosse de valeur, monstre animé qui se remet à travailler comme s’il avait le diable au corps. »

À la distinction du capital constant et du capital variable se lie, chez Karl Marx, le problème de la population.

D’abord chaque régime économique a son propre « principe (ou loi) de population ». Or, sous le régime capitalistique, le rapport du capital variable au capital constant a une tendance irrésistible à décroître ; au lieu de faire moitié du plus qu’un tiers, un quart et toujours moins. En effet, toute machine ou tout perfectionnement de procédés rend inutiles un certain nombre de bras. Marx appelle « armée de réserve de l’industrie » ou « population de surplus » cette partie de la population qui devient superflue par le progrès des méthodes capitalistiques. Or, l’existence de cette armée de réserve est indépendante de l’accroissement absolu de la population. Au début du régime capitalistique, la proportion de l’un et de l’autre capital ne s’altérait que lentement, et l’accroissement du capital constant coïncidait avec un accroissement encore assez rapide de la demande de travail par les patrons. Puis cette demande est allée en décroissant et la diminution a été activée par les efforts que les patrons faisaient pour obtenir de chaque travailleur un rendement plus élevé, grâce au surtravail, à l’intensification de la production et à l’emploi des femmes et des enfants. Ainsi, dit Marx, « le surtravail de la partie occupée des travailleurs augmente l’armée de réserve ; et inversement aussi la pression que cette dernière exerce sur les travailleurs actifs par la concurrence dans l’offre du travail, condamne ces derniers au surtravail, en les assujettissant toujours davantage à la