Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/702

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D’autre part, en principe, le gain du patron a pour cause : 1° en tant que loyer ou intérêt, la productivité du capital (à supposer que le capital soit fourni par lui) ; 2° en tant que profit : a) le salaire implicite du travail de direction et de coordination ; b) la rémunération des aléas d’entreprise, avec compensation des mauvaises chances par les bonnes[1].

Marx s’engage ensuite dans an long plaidoyer contre le régime industriel moderne, où tout est contre l’ouvrier[2]. Le machinisme pousse à l’intensification du travail, c’est-à-dire à l’augmentation fatale de la plus-value relative. Le patron y est conduit par le désir de ne pas laisser chômer son capital constant et de pouvoir répartir ses frais généraux sur une production plus abondante, à tel point que la plus-value relative peut augmenter par l’abréviation du temps de travail avec maintien du même salaire, si le patron, en réduisant le nombre d’heures de ses ouvriers, parvient à rendre leur travail plus intensif[3] et à épargner en même temps sur les dépenses de combustible et d’éclairage. Marx combat également la théorie de la compensation, c’est-à-dire du déplacement du travail par l’effet des machines.

Toute cette partie du livre, sans faire le procès théo-

    ou par une autorité constituée d’occuper tous les travailleurs sans ouvrage résoudrait la question sociale : 1° parce que tout travailleur produit toujours son salaire ; 2° parce que, en ne produisant jamais que ce qui est dans le besoin public, mais en le produisant sans bénéfice, on ne dépasserait jamais le pouvoir d’achat du marché » (Ch. Andler, Préface à la traduction du Droit au produit intégral du travail de Karl Menger, p. xxiv). — M. Andler devrait bien apprendre aux entrepreneurs menacés de faillite et surtout aux viticulteurs du Midi la manière de faire toujours produire son salaire à l’ouvrier ! On lui paierait bien cher son secret !

  1. Voyez nos Éléments d’économie politique, 2e édition, pp. 157, 591 et s.
  2. L. I, ch. xv.
  3. C’est la thèse soutenue en fait par John Rae, dans ses Eight hours of labour. Rae considère que le plus grave défaut de la réduction de la journée à huit heures serait d’accroître le rendement du travail et de provoquer par conséquent le renvoi d’un certain nombre d’ouvriers. Ce n’est pas ici le lieu de discuter cette assertion, que nous tenons pour fausse à beaucoup d’égards.