Dans la seconde phase, la propriété, que cette accumulation capitalistique a enlevée à la masse qui la possédait auparavant à titre individuel, retourne à cette même masse, mais de façon que celle-ci jouisse dorénavant d’une manière collective et non plus à titre individuel comme autrefois.
« L’expropriation, dit Marx, s’accomplit par le jeu des lois immanentes de la production capitalistique, lesquelles aboutissent à une concentration des capitaux… À mesure que diminue le nombre des potentats du capital, qui usurpent et monopolisent tous les avantages de la première période d’évolution sociale, on voit s’accroître la misère, l’oppression, l’esclavage, la dégradation, l’exploitation, mais aussi la résistance de la classe ouvrière, sans cesse grossissante et de plus en plus disciplinée, unie et organisée par le mécanisme même de la production capitaliste… La socialisation du travail et la centralisation de ses ressorts matériels arrivent à un point où elles ne peuvent plus tenir dans leur enveloppe capitaliste. Cette enveloppe se brise en éclats….. Les expropriateurs sont à leur tour expropriés… La production capitaliste engendre elle-même sa propre négation, avec la fatalité qui préside aux lois de la nature[1]… Elle rétablit, non la propriété privée du travailleur, mais sa propriété individuelle (des biens de consommation), basée sur la coopération commune de tous les moyens de production, y compris le sol. »
Or, cette seconde expropriation, inverse de la première, s’accomplira beaucoup plus vite, parce que les individus à exproprier seront moins nombreux cette seconde fois qu’ils n’avaient été la première.
— Malheureusement toutes ces conjectures de Marx re-
- ↑ Il y a là comme un retour involontaire aux « contradictions économiques » de Proudhon.
théorique et social-démocratie pratique, tr. fr., 1900, pp. xxxvi et s. ; et passim.