Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/714

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des violences du passé : et la femme attestera son émancipation par son acceptation — libre désormais et non plus contrainte — d’une « maternité consentie ».

Quoi qu’il en soit, il est bien difficile de soutenir que l’œuvre de Marx n’ait été pas surfaite. Bien plus, de ceux qui font l’éloge du philosophe, combien y en a-t-il qui le connaissent ? Beaucoup proclament l’immortalité de son Kapital, qui ne l’ont jamais lu et qui peuvent d’autant moins juger sa pensée, qu’ils peuvent moins la reconnaître et la suivre à travers les nuages pédantesques de sa métaphysique[1].


II

QU’Y A-T-IL D’ORIGINAL DANS LE MARXISME ?

Reste à savoir quelle est la part d’invention qui revient à Marx. Engels l’a félicité d’avoir fait, en économie politique, une découverte égale à celle de Lavoisier dans la chimie, parce qu’il a substitué à la formule de Ricardo sur la valeur du travail la formule de la vente-achat de la force-travail, Arbeitskraft[2]. Mais Rodbertus, par contre, a accusé Marx de plagiat[3]. Qui donc a tort ou raison ? ou bien les idées de l’un et de l’autre, présentées assurément sous des formes nouvelles par tous les deux, ne se rencontreraient-elles pas chez divers auteurs plus anciens ?

Sans trancher encore le débat, nous citerons ces divers auteurs, mais auparavant nous étudierons Rodbertus lui-même.

  1. Par exemple, pourquoi M. du Maroussem, qui veut bannir les mots travail, capital et valeur, appelle-t-il le Capital une « œuvre immortelle » ? (Les Enquêtes, pratique et théorie, 1900, p. 201).
  2. Engels, Préface au t. II du Capital, tr. fr., pp. xvi-xxi.
  3. Voyez les Sociale Briefe an von Kirchmann et, pour la discussion, Engels, Préface au t. II du Capital, tr. fr., pp. iv et s. ; — Item, Anton Menger, Droit au produit intégral du travail, tr. fr., p. 113.