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2° pour Marx, l’idée de la plus-value, tirée du même auteur[1], en même temps, il est vrai, que de Thompson[2] ; 3° pour Marx et généralement tous les socialistes réformateurs, la condamnation des revenus sans travail, telle que celle-ci avait été formulée par les saint-simoniens[3].

De plus, en dehors de la genèse proprement dite de systèmes et des théories, il y avait toute une influence également efficace, quoique moins logique, que des jugements sommaires et de simples aspirations exerçaient sur les esprits. Sous ce dernier aspect, l’économiste le plus écouté et le plus puissant, celui qui contribua le plus à acclimater le socialisme après 1850, fut certainement Stuart Mill[4]. Ce n’était donc pas sans raison que nous voulions ranger celui-ci parmi les précurseurs du socialisme scientifique.

Nous avons signalé plus haut les concessions nombreuses et toujours plus accentuées qu’il avait faites aux doctrines socialistes. L’assertion avait pu surprendre, et c’est une raison de plus pour nous de la justifier ici. On sera certainement obligé de reconnaître, après examen des textes, que les traces et même les formules du pur socialisme démocratique abondent chez lui. Ses Principes d’économie politique les présentent tout particulièrement au chapitre « De l’avenir probable des classes laborieuses[5] » et au chapitre « De la propriété[6] » .

Stuart Mill, dans le premier des deux, attise déjà l’esprit d’orgueil et d’indépendance qui est au fond de tout socialisme, quoiqu’il n’y préconise encore ni l’usurpation de

  1. Supra, p. 357. — Aftalion. op. cit., pp. 118 et s. ; item, pp. 257 et s.
  2. Voyez à cet égard Denis, op. cit., pp, 504 et s.
  3. Supra, p. 652. — Voyez A. Menger, Droit au produit intégral du travail, tr. fr., pp. 114.et s.
  4. Verhaegen, Socialistes anglais, 1898, pp. 35 et s. « L’économiste anglais, dit Verhaegen, qui contribua le plus à préparer les esprits au socialisme pendant la période qui suivit l’agitation de 1848, fut assurément Stuart Mill » (Loc. cit.) .
  5. Principes d’économie politique, 1. IV, ch. vii.
  6. Ibid, 1. II, ch. i.