fend cependant d’être communiste. Il suffira de « socialiser » les individus par la lutte contre l’égoïsme et l’ignorance, et de « socialiser » le sol et les moyens de production, lesquels seront « régis, exploités, employés sous la suprême direction des pouvoirs représentatifs » avec « un seul entrepreneur, un seul capitaliste prêteur, une seule institution de crédit, à savoir l’État, le peuple dans ses représentants[1] ». — C’était donc du pur collectivisme, et l’on a parfaitement raison de faire remonter la chose, mais non pas encore le nom, à Pecqueur et à son Économie sociale des intérêts du commerce et de l’industrie et de la civilisation en général, sous les applications de la vapeur, œuvre parue en 1838[2].
Le nom de Pecqueur est inséparable de celui de Vidal (1812-1872), qui appartient aux mêmes groupes et qui, après avoir collaboré sous Louis-Philippe à des revues fouriéristes, fut secrétaire de la Commission du Luxembourg et rapporteur de cette commission avec Pecqueur.
Mais il est bien inutile de revenir sur les hommages suspects et plus ordinairement blasphématoires que Saint-Simon, par exemple, puis Pierre Leroux, entre autres novateurs de la première moitié de notre siècle, affectaient de rendre au christianisme. Cette allure du socialisme correspondait à un état d’esprit qui n’existe plus : les collectivistes modernes sont franchement évolutionnistes, matérialistes ou athées. Il n’y a donc plus avec eux de socialisme chrétien, ou, pour parler plus exactement, il n’y a plus de christianisme dans le socialisme : mais nous ne pouvons que leur savoir gré de le reconnaître très crûment[3].
- ↑ Théorie nouvelle de l’économie sociale et politique, pp. 267-268, 357, 432, 445, 565. — C’est donc Pecqueur qui a inventé, dès 1842, le mot « socialiser les personnes », dont M. Léon Bourgeois (Solidarité, 1896, p. 86) fait gloire à M. Izoulet comme d’une « formule très intéressante ». En 1842, c’était plus nouveau et plus intéressant.
- ↑ Voyez à cet égard Villey, Socialisme contemporain, p. 92.
- ↑ À étudier, entre autres, une longue étude de M. Vandervelde, la Religion, dans ses Essais socialistes, 1906. M. Vandervelde proclame très correctement l’inconciliabilité du socialisme démocratique avec le catholi-