Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/788

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Les membres de cette école et même parfois les plus avancés[1] ont prétendu s’appuyer sur l’autorité du Saint-Siège pour professer les théories que nous venons de résumer. Qu’y avait-il d’exact dans cette assertion ?

Ce qui est vrai, c’est que Léon XIII, soit dans une allocution du 17 octobre 1887, soit dans l’Encyclique Rerum novarum du 15 mai 1891, a affirmé la nécessité éventuelle d’une intervention de l’État dans le régime dit travail, d’ailleurs sans préciser le principe de cette intervention et en prenant soin de déterminer, que « les lois ne doivent pas s’avancer, ni rien entreprendre, au-delà de ce qui est nécessaire pour réprimer les abus et écarter les dangers ». Ce qui est vrai encore, c’est que la même Encyclique du 15 mai 1891 a fait un grand éloge des associations professionnelles, au point de vue tout : au moins des services mutuels d’assistance que les associés peuvent s’y rendre, et au point de vue des ressources de préservation morale et religieuse que l’association peut leur procurer. Ce qui est vrai enfin, c’est que cette même Encyclique a déclaré que « le salaire ne doit pas être insuffisant pour faire subsister l’ouvrier sobre et honnête » : et cela, d’ailleurs, en laissant de côté le rapport quelconque qui peut exister entre le salaire et la productivité du travail, c’est-à-dire entre le salaire et le gain procuré au patron par le travail de l’ouvrier.

Par contre, les catholiques sociaux ont peu cité toute la première partie de cette Encyclique Rerum novarum, où

    croyance ; et dans les règles de conduite il ne regarde que celles qui déterminent les devoirs envers le prochain. Un écrivain des plus avancés parmi les catholiques sociaux a même entrepris de prouver que « toutes les fautes se ramènent aux fautes contre le prochain » (Paul Lapeyre, Catholicisme social, t. II, ch. x) et que « toute l’œuvre de la Rédemption se trouve concentrée dans la question du prêt à intérêt » (Ibid., p. 134). Ailleurs « l’orthodoxie lui avait toujours paru être, au fond, un prix de vertu » (Ibid., p. 357).

  1. « Ce système, disait par exemple le Comité du XXe siècle dans ses Aphorismes de politique sociale ; doit « s’appeler simplement le christianisme ; et jusqu’ici, en effet, cette doctrine n’a rencontré à Rome que des encouragements » (Op. cit., p. 36). — Voyez aussi Max Turmann, Développement du catholicisme social.