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Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/83

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VI

LA SOCIÉTÉ AU MOYEN AGE ET LA PHILOSOPHIE SCOLASTIQUE

Nous n’avons fait que glaner dans ce vaste champ des idées économiques de la seconde moitié du moyen âge. Nous ne le quitterons pas sans une remarque sur le caractère profondément abstrait qui distingue toutes les œuvres des grands esprits de cette période. Ils sont muets sur les phénomènes concrets de leur temps : muets par exemple sur le régime corporatif, dont une certaine école veut faire aujourd’hui le trait caractéristique du système économique de ces siècles ; muets aussi sur la profonde empreinte dont les institutions féodales devaient avoir frappé la propriété foncière. Les théories du monde scientifique d’alors, fondées généralement sur Aristote, cherchaient à exprimer des vérités de tous les lieux et de tous les temps. Ce sont là travaux de penseurs, écrits souvent dans le silence du cloître, mais ne reflétant à peu près rien de la vie contemporaine. Bien du temps devait donc s’écouler avant que l’économie politique fût vraiment fondée, assise qu’elle doit être sur l’incessante observation de tous les phénomènes de production, d’échange et de vie sociale.

Aussi n’est-ce point aux savants de ces temps là que nous devons nous adresser pour connaître le régime économique au milieu duquel ils vivaient. Force est plutôt de dépouiller les mémoires et les archives.

Il appartenait à notre siècle de faire ce travail. L’Angleterre a l’Interprétation économique de l’histoire et Travail et salaires en Angleterre depuis le XIIIe siècle de Thorold Rogers. Elle a également le solide ouvrage d’Ashley, si souvent cité par nous, Histoire et doctrines