Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/84

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économiques de l’Angleterre[1]. En France nous possédons les œuvres de M. le vicomte d’Avenel — plus profondes à notre avis que celles de Thorold Rogers — je veux dire son Histoire économique de la propriété, des salaires, des denrées et de tous les prix en général, depuis l’an 1200 jusqu’à l’an 1800[2], où tout simplement même sa Fortune privée à travers sept siècles[3]. L’Histoire économique — suivie du tableau des prix innombrables qui ont été patiemment recueillis par M. d’Avenel, mais dont une partie seulement a été imprimée — jette la lumière la plus limpide et la plus vive sur la vie économique de toute la fin du moyen âge et de tout l’ancien régime.

À cet égard, et pour entrer très brièvement dans le domaine : des faits, nous ferons remarquer qu’on est beaucoup trop enclin dans certains milieux à exagérer l’importance du système corporatif et à croire que ce fût par les corporations que le régime du travail fût alors caractérisé. Si les corporations tiennent une si large place dans la littérature et dans l’histoire, c’est parce qu’elles eurent leurs règlements écrits, leurs chartes et leurs codes, et parce qu’elles prirent une grande part au mouvement d’affranchissement des communes. Mais elles ne furent jamais qu’un phénomène urbain ; or, au moyen-âge, c’était dans les campagnes et autour des châteaux qu’était l’immense majorité de la population. Beaucoup des objets qui proviennent actuellement d’ateliers, étaient alors procurés par l’industrie domestique elle-même ; bien plus, dans le plein épanouissement du système féodal, l’atelier, groupé autour du seigneur et peuplé de ses hommes, était lui-même féodal au lieu d’être corporatif[4]. C’est donc dans la condition des

  1. C’est le titre de la traduction française, 1898, de An introduction to English economic history and theory.
  2. 1894, 2 volumes in-4o. — Les tomes III et IV ont paru en 1898. Quatre autres volumes, amassés en manuscrit, n’ont pas été publiés.
  3. Paru en 1895.
  4. Étudier sur ce point d’Avenel et Ashley, op. cit., passim.