Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/110

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l’autre. Ce ne fut que plus tard que cette idée si simple et si nouvelle fît quelques progrès en France avec le parti des politiques et Henri IV. Il fallut, pour qu’elle germât dans les esprits, que le fanatisme eût déployé toute sa rage, et que la France, dévastée par la guerre, tombât de fatigue et d’épuisement. Du temps de Calvin, elle n’était pas même acceptée par les victimes de la persécution. C’est à peine si quelques hommes remuants, également honnis des réformés et des catholiques, en avaient eu parfois un vague pressentiment. Un jour on avait entendu Servet déclarer, en présence de ses juges, que les accusations criminelles pour cause d’hérésie étaient une nouveauté inconnue de l’Église primitive ; puis, peu de temps après, sans se douter de son inconséquence, il s’était porté lui-même partie criminelle contre Calvin. Castaliou, un autre esprit remuant, avait osé aussi mettre en doute la légitimité du châtiment des hérétiques ; mais, effrayé lui-même de sa hardiesse, il ne l’avait fait que sous le voile de l’anonyme ; et il faut voir comment Calvin et Th. de Bèze le combattent à l’envi. Si l’on en croit le réformateur de Genève, c’est pour avoir licence de dégager tout ce que bon lui semblera, que Castahou réclame contre les bûchers :

Telles gens, dit-il, seraient contents qu’il n’y eût ni loi ni bride au monde. Voilà pourquoi ils oQt bâti ce beau livre, de non comburendis hœreticis.