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Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/115

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rannies ? La philosophie du dix-huitième siècle ne s’est-elle pas éteinte dans le cynisme le plus impur ? La réformation n’a-t-elle pas eu honte d’avoir affranchi l’esprit humain ? n’a-t-elle pas relevé le drapeau de l’intolérance ? Ah ! si je pouvais à mon gré effacer de l’histoire une de ses pages les plus honteuses, je choisirais le supplice de Servet, plutôt que la Saint-Barthélémy !

Les préjugés du temps ne suffisent pas d’ailleurs pour expliquer la conduite de Calvin. Ils peuvent justifier Mélanchton d’avoir approuvé la condamnation de Servet ; ils ne sauraient justifier Calvin de l’avoir poursuivi avec tant d’acharnement et de hauteur, ni de l’avoir, après sa mort, gratuitement outragé. Tout cela ne peut provenir que du caractère même de Calvin, caractère irascible et entier, qui ne sut guère se plier à la plus sublime des vertus chrétiennes, la charité qui pardonne ! S’il faut en croire M. Vinet, il est des hommes que la logique rend féroces. Ne pourrait-on pas jusqu’à un certain point appliquer cette parole à Calvin ? Il fut intolérant par nature ; il le fut autant que son siècle le lui permit ; il le serait encore aujourd’hui, autant que le permettent nos mœurs et notre civilisation modernes.

Calvin a au moins le mérite de s’être bien connu : « Je n’ai pas, disait-il, de plus grand combat contre mes vices qui sont très grands et en très grand