Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/139

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ment, ose aller plus loin. Il veut aussi faciliter au simple lecteur l’intelligence de Pascal ; il veut rendre aux Pensées leur vertu d’édification, il aspire même à nous en donner une édition populaire. Il y a plus : il essaie de distribuer les Pensées dans l’ordre auquel Pascal lui-même se fût arrêté, s’il eût été conséquent et fidèle jusqu’au bout à l’idée-mère de son apologie.[1] Cette idée-mère, dont il s’est tout d’abord pénétré, est pour lui le fil d’Ariane dans le dédale de ces fragments immortels ; elle lui explique tout ; elle lui fait découvrir le but et la place de chaque chose ; elle lui révèle le plan vrai de Pascal.

Voilà de bien hautes prétentions. Sont-elles justifiées ?

M. Astié a réussi, je le crois, autant du moins qu’il est possible, à rendre aux Pensées ce caractère édifiant auquel, dit-il, l’auteur eût surtout tenu, et que les travaux critiques de ces dernières années menaçaient de leur faire perdre.[2] Dans son édition, d’un format commode, joli et mesquin, comme celui de tous les livres de poche, la lecture suivie de Pascal est plus facile, parce qu’elle est moins brisée. Le chapitre des pensées diverses y est considérablement réduit, et beaucoup de fragments, M. Astié s’en flatte avec raison, y trouvent un entourage qui les fait briller d’un nouvel éclat. C’est ainsi que le re-

  1. Préface, p. 38.
  2. Ibidem.