Le scepticisme de Pascal fut, il y a déjà plusieurs années, le sujet d’une vive et remarquable discussion. M. Cousin attaqua ; M. Vinet prit en main la défense. Ce fut une joute d’éloquence dont le souvenir n’est pas effacé. Peut-être ne serons-nous pas sur ce point parfaitement d’accord avec le professeur de Lausanne, notre ancien maître ; mais nous ne le sommes pas davantage avec M. Cousin.
Que Pascal ait eu des accès de scepticisme, ou plutôt des accès de noir, qu’il ait parfois senti trembler dans ses mains le flambeau de la foi, qu’il l’ait convulsivement serré sur son cœur, comme s’il allait lui échapper, c’est là ce qui est fort possible ; mais ce n’est pas ce que je veux rechercher aujourd’hui. Je ne veux pas rechercher non plus si ce fait suffit à motiver l’imputation de scepticisme. Je ne prétends point pénétrer le secret de l’histoire intime du grand homme. Je ne parle que de ses idées ; je me demande si l’apologie moderne peut les accepter telles quelles. Il ne m’importe guère que le frisson du doute ait effleuré parfois le cœur de Pascal ; mais il m’importe de savoir si ses vues, en même temps qu’elles conduisent à la foi chrétienne, conduisent au scepticisme philosophique.
M. Cousin peut trouver dans les Pensées plusieurs morceaux qui sont de nature à le faire craindre ; il peut citer surtout cette page trop fameuse où Pascal joue à croix ou pile le destin de l’humanité, et mon-