point rare. Après avoir refusé à la connaissance humaine toute valeur absolue, après avoir déclaré l’homme incapable de savoir certainement, peut-être eût-il revendiqué en faveur de la connaissance chrétienne qui procède de la foi, cette valeur absolue, cette suprême certitude dont il commence par nous dénier le privilège. Je ne m’étonnerais point, à supposer qu’il y eût encore sur Pascal des documents à découvrir, si l’on venait un jour me prouver, pièces en main, que Pascal comptait faire tourner au profit de la foi ce qu’il adresse d’insultes à la raison, et assurer les fondements de la connaissance chrétienne sur le mépris de la connaissance naturelle. Il y a dans les Pensées d’assez nombreux passages dont on pourrait tirer cette conclusion.
C’est là, en effet, une des habitudes les plus invétérées de l’apologie chrétienne. Elle se réjouit des discordes des philosophes, comme s’il devait lui en revenir un avantage certain. Elle passe en revue les opinions accréditées auprès des sages de la terre ; elle en exagère la divergence (hélas ! il n’y aurait pas besoin de l’exagérer !) ; elle en étale les contradictions ; elle insiste sur les deux cent quatre-vingts thèses que l’antiquité a vu naître, au dire de Pascal, sur la question du souverain bien : elle renverse d’un souffle cette Babel colossale ; puis, quand elle a bien montré la triste incapacité et le plus triste