Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/28

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce nouveau revers n’abattit point les Evangéliques.

Ils ne cessèrent, dit Froment, de s’assembler par les maisons et jardins, pour faire prières à Dieu, chanter psaumes, écouter l’Ecriture sainte, de sorte que la vie dissolue, fausse doctrine, superstitions et abus des prêtres, étaient déjà découverts et tournés en moquerie par le peuple, même par les femmes et petits enfants, qui commençaient à disputer contre eux et à les arguer publiquement.

Genève se trouva divisée pour la seconde fois. Aux vieilles factions des Eidguenots et des Mameluz succédèrent celles des Evangéliques et des Catholiques. Les premiers étaient soutenus par Berne, qui donnait à tous les prédicants des lettres de recommandation pour le conseil ; les seconds par Fribourg, qui n’intervenait pas avec moins de vivacité. Les uns ne demandaient, comme le font tous les partis religieux en attendant d’être les plus forts, que la liberté de prier Dieu à leur façon ; ils se tenaient sur la défensive, mais ils voyaient leur nombre s’augmenter tous les jours, et ils travaillaient avec l’ardeur et la confiance des néophytes. Les autres, comme c’est aussi le cas de toute autorité religieuse qui est ébranlée et moralement vaincue, ne répondaient à des raisons que par des cris, des violences et des anathèmes. D’abord ils coururent franchement aux armes et en appelèrent à la lutte ouverte ; puis, se sentant affaiblis, ils voulurent par de sourdes me-