Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/29

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nées soulever le peuple ; enfin, dans leur impuissance, ils essayèrent du dernier argument des partis qui succombent, le poison. Au milieu de l’orage, le conseil adopta une ligne de conduite indécise, mais prudente. Il ne s’inspira que des circonstances ; il céda toujours devant le vainqueur, mais sans se faire son esclave ; il suivit toutes les fluctuations du mouvement, et se contenta d’intervenir comme une puissance conciliatrice et presque neutre. Au reste l’issue de la lutte n’était pas douteuse :

Elle était marquée d’avance par le sort des partis précédents… L’esprit de liberté et le besoin d’amélioration qui avaient donné la victoire aux Eidguenots sur les Mameluz, devaient la donner aux protestants sur les catholiques, et le parti évangélique était destiné à triompher de l’évêque, comme le parti patriote avait triomphé du duc.[1]

Nous ne raconterons pas toutes les vicissitudes de la lutte : les prises d’armes, l’inutile et pusillanime démonstration de l’évêque, les progrès successifs et constants du parti évangéhque, l’émigration des partisans les plus décidés de l’évêque, la guerre d’escarmouche que le duc de Savoie fit à Genève. Nous courons au résultat.

Le 30 mai 1535, commença une grande dispute

  1. Mignet, Mémoire sur l’établissement de la Réforme à Genève, p. 49. — Ces quelques mots sur l’histoire de Genève ne sont guère qu’un résumé de la première partie de cet excellent travail.