Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/331

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décider à lire la petite comédie de M. Paul Stapfer. À peine avions-nous franchi la première scène, que nous étions avide de poursuivre. Cette impression est peut-être toute personnelle. Nous aussi, nous avons fait de la critique littéraire ; nous en faisons dans ce moment même, petitement, mais de notre mieux ; or il se trouve que la comédie de M. Stapfer n’est pas autre chose que la suite de nos expériences. Vieille intrigue, motif éternel et inusable : vanitas vanitatum ! Vanité de nos jugements, vanité de nos méthodes, vanité de nos principes ! le dernier raffinement de nos pensées consiste à en mieux sentir le néant. C’est la grande comédie qu’il fallait dire, grande, en ce sens au moins qu’elle est universelle, et que c’est le chemin de tous les esprits qui cherchent. Marcher sans jamais arriver, à chaque détour de la route voir se dérouler un ruban nouveau, et toujours dire : Là-bas !… voilà le secret de la comédie de M. Stapfer, et si l’on y rit quelquefois, c’est des esprits las et pesants, qui s’arrêtent tout à coup, et, parce qu’ils se sont arrêtés, disent : « Le terme est ici ».

La vie devient difficile. Les douces illusions sur lesquelles dormait notre ignorance disparaissent l’une après l’autre. Passe encore si elles étaient remplacées par de bonnes et franches négations ! C’est dur, une négation ; mais on sait ce que c’est. Au lieu de négations, on nous donne des doutes, et si la