Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/34

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Par de tels discours, ils acquirent bientôt une grande popularité.

L’Evangile, dit Calvin, consistait pour la plupart à avoir abattu les idoles et il y avait beaucoup d’hommes pervers contre lesquels moi qui estais faible et craintif, fus contraint d’arrêter des combats mortels, y engageant ma propre personne.

Ces hommes pervers, à la tête desquels se trouvaient Berthelier, Jean Philippe, Vandel et Amy Perrin, tous anciens disciples de Farel, mais surtout anciens amis des libertés genevoises, firent si bien qu’ils arrivèrent au pouvoir.

Dès lors la situation des pasteurs devint intenable. Ils eurent à combattre à la fois une population de plus en plus turbulente et le mauvais vouloir du gouvernement. Ils se virent bientôt poursuivis d’insultes et de menaces :

Les débauchés, dit Michel Rosat, allaient de nuit par ville à douzaines, avec arquebuses, qu’il débandaient au devant des maisons des ministres. Ils criaient la pétole de Dieu, se moquant de la Parole : ils menaçaient les ministres de les jeter au Rhône.

Les ministres de leur côté ne se faisaient pas faute de parler hardiment. Corault, le vieux réformateur aveugle des yeux corporels, mais clairrogant des yeux de l’esprit, comparait du haut de la chaire la république de Genève à un royaume de grenouilles. Bref, l’irritation vint à son comble lorsque Calvin et Farel eurent refusé de distribuer