Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/359

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tance. Les adversaires de Dorante et d’Uranie sont trop évidemment dans leur tort. D’ailleurs, c’est la coutume des poètes, dont l’envie discute les succès, de jeter à la tête des mécontents les succès mêmes qu’on leur reproche et qu’on voudrait bien diminuer. Mais quand on revient d’Allemagne, sans en être plus au clair, et qu’on retombe sur cette page classique, on la trouve resplendissante d’un éclat tout nouveau. Ce qui paraissait superficiel devient profond, et les lieux-communs s’en gravent dans la mémoire comme des vérités originales, d’une hardie nouveauté. Et vraiment ils ont un sens nouveau. C’est un résumé de sagesse, qui nous confirme dans le résultat négatif où nos réflexions menacent d’aboutir. Nous étions en quête de principes fixes, d’après lesquels il nous fût possible de juger l’œuvre d’un poète quelconque, et voilà que nous commençons à soupçonner que ces principes n’existent pas ou n’ont pas encore été formulés, et que le plus sûr est toujours de nous laisser aller de bonne foi aux choses qui nous prennent par les entrailles. Dès cet instant, on prête une oreille plus attentive aux propos des sages qui ont cherché sans trouver beaucoup mieux, et si par hasard on vient à rencontrer quelque philosophe de renom qui donne à cette espèce de scepticisme l’autorité de la science, on note avec soin chacune de ses paroles. Pareilles rencontres ne sont point rares.