goût plus décrié que le sien. Tous ses grands écrivains ont été bafoués l’un après l’autre. Corneille est descendu au rang des rhéteurs ; son chef-d’œuvre est une imitation boursoufflée de Guillen de Castro. Molière est le plus dégénéré des descendants d’Aristophane. La Fontaine a corrompu la fable. Boileau n’est qu’un fade pédant, et quant à Racine, on ne comprend pas qu’il ait pu faire illusion si longtemps, car s’il y a un théâtre pauvre et dépourvu d’originalité, c’est le sien. Schlegel, le plus savant des critiques qui ont manqué de jugement, a dû une partie de sa fortune littéraire à l’ardeur de cette réaction. Gœthe a eu beau protester. C’est Schlegel qui a appris à l’Allemagne ce qu’elle devait penser de la littérature française ; c’est lui qui a donné le ton et qui le donne encore, car il ne faut pas croire que l’Allemagne en soit revenue ni qu’elle en revienne de si tôt. Quelques hommes supérieurs, juges indépendants et éclairés, se sont dépouillés de plus d’une prévention ; mais le grand public persiste dans son hostilité, et les jugements qui ont cours dans la conversation ou dans les conférences littéraires sur les écrivains français du XVIIe siècle, ne leur sont rien moins que favorables. Les goûts s’opposent aujourd’hui aussi bien que les nationalités, et chacun fait valoir son droit.
Que ceux qui croient encore à cette abstraction décevante d’un goût général et humain, capable de