Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/387

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dogmatique en remonte les bords un Guide à la main, il constate ; le critique historien se moque du Guide, il veut voir les choses comme elles sont et non comme on les lui montre.

Constater n’est qu’une routine, regarder est un art. L’école historique a poussé cet art à un point de perfection auparavant inconnu. Elle a renouvelé et doublé l’intérêt des études littéraires. L’ancienne critique était au bout de son latin. Que restait-il à dire sur Racine, par exemple, à un disciple de Boileau ou de Schlegel ? Rien, absolument rien. Mais qu’un esprit formé à l’école nouvelle, Sainte-Beuve ou Taine, rencontre Racine en son chemin, et l’on découvrira avec étonnement que ce vieux sujet était à peine effleuré. Aujourd’hui, l’on peut être nouveau en parlant des classiques les plus rebattus.

Le beau nom d’humanités qu’on réserve pour les études littéraires, signifie sans doute qu’en nous mettant en communication directe avec les plus grandes intelligences du passé, elles nous délivrent de nos étroitesses, de nos préjugés de coterie, de nos pédanteries de province, de nos gaucheries de petite ville — toutes les villes sont petites — pour nous rendre à l’humanité. Mais l’école dogmatique empêchait ou diminuait cet effet civilisateur. Quand nous partions pour la Grèce, elle nous glissait son guide dans la poche, et c’était notre province que nous emportions avec nous. La critique moderne a