Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/388

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reconquis pour la république des lettres le privilège de l’universalité.

Le dogmatisme littéraire prenait en soi la mesure du présent et dans le présent celle de tous les temps. Illusion d’orgueil et d’ignorance ! Nous y tombons tous, et nous y tomberons toujours ; mais l’école historique a le mérite de l’avoir reconnue et d’en combattre énergiquement le principe.

La part de l’arbitraire est petite dans les œuvres des maîtres vraiment grands et salués comme tels par les applaudissements d’un peuple unanime. Tant qu’on ne sent pas les nécessités diverses qui les ont faites ce qu’elles sont, on ne les a pas comprises. Fénelon trouvait de l’arbitraire dans le chœur des tragédies grecques, et s’en prévalait pour critiquer la tragédie grecque ; aujourd’hui, on en conclurait plutôt que Fénelon avait encore des progrès à faire dans l’intelligence des chefs-d’œuvre d’Eschyle et de Sophocle. Schlegel tance vertement Molière à propos de ses Aristes et de ses Cléantes, ne se doutant pas qu’il montre par là combien Molière lui est étranger. Leur erreur à l’un et à l’autre est de la même nature que celle de ces bons bourgeois qui, ayant appris le catéchisme dans leur enfance et n’étant point sortis de la boutique paternelle, s’étonnent, au Louvre, de la nudité des statues antiques. Schiller trouvait la Phèdre de Racine très belle, « le genre admis ». La vraie critique ne fait