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Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/412

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réflexion qui corrige et sollicite l’inspiration. Si rapide que soit ce travail, encore lui faut-il du temps. C’est pourquoi l’improvisation n’est jamais soudaine, ou ne l’est que par moments très courts, par accès. L’improvisateur s’accompagne, il débute par un prélude, il se donne du temps. Les improvisateurs villageois, en France et ailleurs, emploient de préférence des formes redoublées, comme dans cette chanson de l’Angoumois :

Allons dans ce p’tit bois charmant,
Quand on y va, que l’on est à l’aise ;
Allons dans ce p’tit bois charmant,
Quand on y va, que l’on est content !

Un beau mesieur y va chassant,
Quand on y va, que l’on est à l’aise ;
Un beau mesieur y va chassant,
Quand on y va, que l’on est content !

Presque toutes les chansons populaires de France sont dans un style analogue. Il y a des repos ménagés pour l’improvisateur, qui trouve le motif d’une strophe nouvelle pendant que les chanteurs, autour de lui, répètent celui de la strophe précédente.

Les improvisateurs lettrés, ceux qui, sur un sujet donné, vous débitent sur l’heure une tragédie en cinq actes, n’ont pas l’avantage des pauses ; il faut qu’ils improvisent à fil ; mais outre que le don d’improvisation suppose une concentration d’activité qui