Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/420

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leur présente un ordre de beauté moyenne où leur intelligence soit à son aise : Racine est ce poëte par excellence. La famille des poëtes bourgeois commence à Racine et finit à Emile Augier, en passant par Casimir Delavigne et Ponsard.

À ce mot de poëte bourgeois, M. Paul Stapfer, d’ailleurs si respectueux, ne se contient plus.

Je ne puis tolérer, s’écrie-t-il, qu’on dise que Racine est un poëte bourgeois. Racine est un poéte de cour ; c’est la fleur de l’aristocratie la plus raffinée. Le parfum trop fin de cette fleur semble fade à nos sens blasés. Pour l’aimer, il faut aimer par sympathie des mœurs et une société qui ne sont plus ; nous sommes devenus grossiers, et quand notre démocratie avec sa lourde patte touche cette fleur si noble et la flaire de son nez rouge, elle se ferme comme une belle-de-jour à l’approche de la nuit.

M. Stapfer a très raison. Tous les défauts du poëte qui a écrit les Châtiments, se réfléchissent dans ce mépris de Racine, bien digne de notre goût moderne, violent et brouillé, épris de gueuserie théâtrale. Ce critique qui trouve Racine bourgeois, si par hasard il était poëte, ferait nécessairement des vers déclamatoires, heurtés, cahotés, prétentieux, et ne s’élèverait au sublime que pour retomber dans le trivial. Quiconque n’aime pas Racine, n’a pas le sens de la mesure, des proportions, des lignes soutenues et de la beauté régulière.

Et cependant Victor Hugo n’a pas tort. Relisez quelques-uns de ses bons vers, à lui, — des vers à