Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/419

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amoureux de la perfection, que Racine lisait, interprétait et faisait revivre devant Louis XIV ce divin Sophocle, qu’il s’interdisait d’imiter. Ici encore le critique, à peine entrevu, se montre égal au poëte, égal dans ses faiblesses, égal dans sa grandeur.

Et Victor Hugo ! En voilà un de grand poëte et de détestable critique ! Sa réputation sur ces deux points n’est-elle pas assez établie ? Eh bien, non ; il n’échappe pas à la règle, il la confirme. Il est comme critique ce qu’il est comme poëte, également magnifique, également détestable. Il suffirait, pour le prouver, de la piquante Causerie de M. Paul Stapfer intitulée : Le grammairien de Hauteville House, et bien connue des lecteurs de la Bibliothèque universelle. Ce sont des propos de table recueillis de la bouche même de Victor Hugo. Les médisances y pleuvent sur le tiers et sur le quart ; quelques illustres y sont fort maltraités, nul plus que Racine. Racine fourmille de fautes de français, d’images fausses, et de vers prosaïques, de « vers de mirliton ». Il y en a tant qu’on n’aurait jamais fini de les relever si on lisait attentivement une seule de ses tragédies.

Racine, ajoute Victor Hugo, est un poëte bourgeois… Les bourgeois veulent avoir leur poëte, leur bon petit poète, sage et médiocre, qui ne les dépasse pas trop et

    Molière décida qu’il fallait conserver la première façon : « Elle est, lui dit-il, la plus naturelle ; et il faut sacrifier toute régularité à la justesse de l’expression ; c’est l’art même qui doit nous apprendre à nous affranchir des régles de l’art. »