Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/43

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des villes suisses, celui de Berne surtout, qui repoussa constamment toute discipline ecclésiastique ; c’étaient d’anciens patriotes genevois qui ne pouvaient permettre que Genève se peuplât d’étrangers et perdît sa nationalité ; c’étaient ceux que l’histoire a flétris du nom de Libertins, et dont le crime est surtout d’avoir trop aimé le plaisir pour porter patiemment le joug du plus rigide des réformateurs ; c’étaient enfin ceux qui repoussaient sa doctrine, les catholiques d’abord, mais surtout ceux qui, dans quelque heu que ce fût du monde protestant, allaient semant l’hérésie. La plupart de ses opuscules, ainsi que l’a remarqué M. Guizot, sont dirigés non point contre les papistes, mais contre les erreurs détestables de Michel Servet, espagnol, contre les calomnies de Joachim Westphal, contre les fumées de Heshusius, contre un certain hélistre nommée Antoine Catelan, tous propagateurs de doctrines suspectes ou franchement hérétiques. Ce fait seul suffirait à marquer la différence des rôles de Luther et de Calvin.

En homme qui avait mesuré d’avance toutes les difficultés de sa tâche, et que la multiplicité des obstacles ne pouvait ni embarrasser ni décourager, Calvin fit face à tous ses ennemis à la fois. Sa vie entière fut un combat. Gardien jaloux de la discipline et de l’orthodoxie, il fit jour et nuit sentinelle, veillant à la pureté des mœurs et à la pureté de la doc-