Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/46

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licence, avait audacieusement relevé la tête. Amy Perrin, après avoir longtemps recherché l’amitié du réformateur, sans doute parce qu’elle pouvait servir à ses projets ambitieux, lui avait voué une haine éternelle, depuis que le consistoire, à la demande de Calvin, avait frappé sa femme et son beau-père. Premier syndic et capitaine-général, fort de son autorité, de sa popularité, de sa fortune, il faisait à Calvin une guerre de jour en jour plus ouverte. Déjà le peuple s’était prononcé en faveur de Perrin. Plusieurs de ses ennemis avaient été exclus du Petit conseil. Les réfugiés, dont le nombre était considérable, et qui tous étaient dévoués à Calvin, avaient été désarmés. Mais Calvin ne plia pas devant l’orage ; il frappa les plus grands coups au moment où chancelait son pouvoir. Il répondit aux menées de ses adversaires en faisant

    risquerait fort d’être renversé, si l’on s’avisait simplement de discuter la supposition gratuite qui lui sert de base, et qui fait du dénonciateur officiel de Servet un homme nul, incapable d’écrire les lettres signées de son nom, un instrument aveugle du Réformateur. L’éclaircissement de ce fait exigerait une longue discussion, à laquelle nous ne pouvons pas nous livrer. Ajoutons seulement qu’en matière si grave, il ne nous parait pas digne d’un historien philosophe d’élever de vagues indices à la dignité de preuves suffisantes. — Au reste, nous renvoyons au mémoire de M. Rilliet de Candolle les personnes qui voudraient connaître à fond le procès qui fut instruit à Genève contre Servet et la part que Calvin y prit. C’est le travail le plus complet et le plus consciencieux qui existe sur ce sujet. Nous ne faisons guère autre chose dans les pages qui suivent que d’en donner un résumé.