Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/56

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sages avez-vous cités pour établir ce Fils invisible et réellement distinct ? Aucun. Ainsi ma doctrine n’est repoussée que par vos clameurs ; on ne lui oppose ni arguments, ni autorités. Michel Servet a signé, seul il est vrai, mais ayant Christ pour très assuré protecteur.

Calvin ne crut pas devoir répondre. La cause était suffisamment instruite. La procédure fut terminée.

Cependant le conseil n’était pas encore prêt à prononcer la sentence. Il voulut, avant de se décider, consulter les églises de Suisse. Cette mesure était provoquée soit par Perrin et les protecteurs secrets de Servet, qui savaient les églises de Berne et de Bâle à demi brouillées avec le réformateur, et qui les supposaient disposées à l’indulgence, soit par un certain nombre de juges qui n’étaient liés à aucun parti et qui ne cherchaient qu’à s’éclairer. Calvin seul la désapprouvait en secret ; il en redoutait le résultat, et il y voyait une espèce de vote de défiance blessant pour son amour-propre. Il n’en prit pas moins les devants. Avant que le messager chargé de porter les pièces du procès fût sorti des murs de Genève, il avait écrit déjà à Bullinger, pasteur de Zurich, pour agir par son intermédiaire sur l’église de Zurich elle-même et sur celle de Schaffhouse. Cette lettre de Calvin dépeint sa situation :

Sous peu, dit-il, le conseil vous enverra les opinions de Servet, pour en avoir votre avis. C’est malgré nous qu’ils vous causent cet ennui ; mais ils en sont venus