les poursuivait devant les tribunaux ; il écrivait ses volumineux commentaires ; il informait les réformateurs de Suisse et d’Allemagne de ses succès, de ses espérances, de ses mécomptes ; il dirigeait, de Genève, les démarches des protestants au colloque de Poissy ; il entourait de ses conseils la duchesse de Ferrare, Coligny, d’Andelot, le prince de Condé, le roi de Navarre et mille autres ; il apaisait les querelles qui s’élevaient entre les églises ; il exhortait les victimes de la persécution, et sollicitait pour elles les gouvernements de Suisse ou les princes d’Allemagne ; il entreprenait dans l’intérêt des églises des voyages que sa santé lui rendait pénibles ; enfin, pour rendre service à ses amis, il ne dédaignait pas d’entrer dans des détails dont ce grand homme semblerait ne s’être jamais occupé, comme de chercher une femme pour son collègue Pierre Viret, de se mettre en quête d’un appartement pour M. de Falais, et de lui apprêter du verjus, pour la provisin d’un an.
Il faudrait être étrangement aveuglé pour refuser à cette activité régulière et dévorante le tribut d’une juste admiration. Elle est d’autant plus remarquable que ce grand travailleur avait, au dire de Th. de Bèze, un corps si débile de nature, tant attéiué de veilles et de sobriété par trop grande, et qui plus est sujet à tant de maladies, que tout homme qui le voyait n’eût pu penser qu’il eût pu vivre tant soit peu.