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Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/72

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Jésus-Christ ceux des Français qui en avaient faim et soif. Ainsi ce devait être un ouvrage didactique et non un plaidoyer. Si plus tard il a servi d’apologie, ce n’est que par accident. Le témoignage de Calvin ne laisse pas de doutes à cet égard :

Mon propos, dit-il, était d’enseigner quelques rudiments, par lesquels ceux qui seraient touchés d’aucune bonne affection de Dieu, fussent instruits à la vraie piété. Et principalement je voulais par ce mien labeur servir à nos Français, desquels j’en voyais plusieurs avoir faim et soif de Jésus-Christ, et bien peu qui en eussent reçu droite connaissance.

Calvin se propose donc d’enseigner la vraie doctrine chrétienne. Aussi ne s’arrête-t-il pas à opposer aux allégations de ses adversaires des démentis inutiles, et à démontrer par des faits que les chrétiens réformés sont de bons citoyens, fidèles à leur roi, fidèles à Dieu, et innocents des forfaits dont ce roi les accuse. Il fait mieux que cela : il expose leurs croyances d’une manière exacte et lumineuse ; puis il adresse à François Ier, par une préface digne de l’ouvrage, cette belle confession de foi. Evidemment, en suivant un pareil système de défense, Calvin songeait moins à réfuter un prince catholique, qu’à lever un étendard qui ralliât toutes les églises réformées, et à faire une seule bergerie des nombreux troupeaux qui suivaient au hasard les routes encore incertaines de la foi nouvelle. Il n’appartenait qu’à un homme