Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/77

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à tout prendre, on ne connaît un homme que par ses œuvres. Le premier soin de Calvin est d’établir l’insuffisance de la raison humaine. Il ne nie pas absolument la valeur de nos lumières naturelles ; mais il pense qu’elles ne peuvent nous procurer aucune certitude parfaite. Il nous faut donc un autre guide, celui de la révélation divine, la Parole de Dieu.

Calvin laisse dans l’ombre les questions difficiles que soulèveraient de nos jours ces seuls mots, rêvélation divine. Il est convaincu que Dieu a parlé, que sa parole est certaine, et que cette parole est exactement contenue dans les livres dont le recueil compose la Bible. Ce sont pour lui trois articles de foi.

Calvin ne veut savoir que ce que la Parole de Dieu lui enseigne. Son Institution n’est à ses yeux qu’un exposé de la doctrine biblique ; mais il tombe, sans s’en douter, dans une illusion trop commune : il a beau lire la Bible avec une vraie candeur ; il a beau n’admettre aucun dogme qui ne soit fondé sur les Saintes Ecritures ; malgré lui, il les comprend à sa manière ; il les explique comme il les a comprises, et nous donne, dans le fait, son système, sous le nom de doctrine de la Bible. C’est ce système que nous voulons essayer de dégager.

Calvin pose avec beaucoup de netteté le dogme d’un Dieu personnel qui a créé le monde, et qui le