Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/78

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gouverne par sa providence. Il a horreur du panthéisme. Il le poursuit sous quelque forme qu’il se présente. C’est le premier des deux grands ennemis qu’il a le plus souvent en vue, et auxquels il porte les coups les plus nombreux. A ses yeux, le panthéisme revient toujours à ceci, assavoir que le monde soit lui-même son créateur, ce qui est une spéculation maigre et fade. Il faut à l’intelligence de Calvin un Dieu distinct du monde et dont le monde soit l’ouvrage. Ce Dieu s’occupe sans cesse de son œuvre ; il ne l’abandonne point à elle-même ; il la continue. Par sa providence, il est comme un patron de navire qui tient le gouvernail pour diriger tous les événements. Cette providence n’est pas seulement générale ; elle n’agit pas seulement par le maintien de certaines lois universelles ; elle entre dans le détail de toutes les affaires particulières ; elle fait elle-même tout ce qui se fait dans l’univers.

Que l’homme ne s’abuse point par une fausse idée de sa liberté. Il n’est pas libre. Il a une volonté sans doute ; mais ce n’est qu’une faculté naturelle, une force dont la direction est à Dieu. La volonté et la liberté sont deux choses essentiellement différentes, qui peuvent exister l’une sans l’autre. La volonté n’est qu’une certaine puissance d’action ; la liberté consiste dans le gouvernement de la volonté. La volonté appartient à l’homme, la liberté appartient à Dieu. À cette distinction s’en ajoute une autre qu’on