Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/93

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système, cela me passe entièrement. Je ne puis croire que ce soit parler avec raison.

Il n’y a de gloire que pour les êtres faibles, pour ceux en qui l'on reconnaît du plus et du moins. Appliquée à Dieu, dans sa nature intime, la notion de gloire ne présente qu’un non-sens, et ne saurait résister à l’analyse la plus rapide. Quoi donc ! Celui qu’on appelle Dieu et qui réside dans l’infini, ne se suffirait pas à lui-même ! Je conçois que de petites créatures, comme nous, se glorifient d’œuvres qui semblent dépasser la mesure de leurs forces. Je conçois que les montagnes percées, les mers traversées au gré de ses désirs, la terre assujettie à ses lois, manifestent la gloire de l’homme. Mais que Dieu dans son repos soit moins grand que dans son activité, qu’il ait besoin d’agir, comme pour se prouver à lui-même que rien ne résiste à sa volonté ; que celui qui est, ait besoin de ce qui passe pour montrer tout ce qu’il est ; que l’infini se glorifie du fini ; que l’être absolu se trouve à l’étroit dans les profondeurs de son immensité ; que la gloire divine ne brille de toute sa splendeur que par le reflet de nos misères et de notre poussière en vérité, est-ce assez de confusions accumulées ? est-ce la plus orgueilleuse ou la plus insensée de toutes les rêveries humaines ?

Au reste, de quelque manière que Calvin eût répondu à une si redoutable question, il serait tombé