Page:Rambosson - Histoire des Météores, 1883.djvu/223

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l’est, avec le banc de glace sur lequel ils furent plus tard abandonnés. C’est en dérivant également vers l’est et vers le sud que le lieutenant Haven franchit un espace de près de trois cents lieues, entraîné avec la banquise au milieu de laquelle il était enfermé. Enfin, c’est toujours en suivant la même direction, et toujours retenu avec son navire parmi les glaces flottantes, que le capitaine MacClintock parcourut pendant un de ces derniers hivers plus de onze cents milles, à partir du nord de la petite île Beechey premier lieu d’hivernage où l’on a retrouvé des tombes et des débris appartenant aux malheureux compagnons de Franklin.

Les courants qui descendent ainsi des régions voisines des pôles n’entraînent avec eux que des eaux complètement salées ; les observations du lieutenant Haven ne laissent aucun doute à cet égard. Malgré leur mélange avec les eaux douces qu’ils rencontrent dans la mer de Baffin, ils conservent encore jusque dans le détroit de Davis plus de la moitié des matières solubles dont sont chargées les eaux ordinaires de l’Océan. Quelles sont donc alors les inépuisables sources de sel auxquelles s’alimentent ces puissants courants, dont l’origine nous est encore inconnue, et que nous rencontrons au nord du soixante-quinzième et même au-dessus du quatre-vingtième parallèle ? Si par une voie sous-marine de retour il ne s’établit pas un mélange direct avec l’Océan, il devient tout à fait impossible d’expliquer non seulement cette continuelle formation de sel, mais encore la présence même des eaux polaires, qui ne cessent de se déverser avec une constante vitesse dans le bassin de l’Atlantique.