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III.

Ces observations nous conduisent logiquement à admettre l’existence d’un contre-courant sous-marin remontant au nord, justement au-dessus du flot polaire qui s’échappe dans la direction opposée entre l’Amérique et le Groënland. On pourrait objecter peut-être que les masses énormes de sel qui nous arrivent continuellement du pôle y ont été apportées par les courants de surface qui doublent le cap Nord ou par ceux qui pénètrent à travers le détroit de Behring ; mais la nature elle-même se charge de répondre : elle nous donne à cet égard des indications infaillibles, qui révèlent et qui accusent très nettement au-dessus de la mer les mouvements et les changements de direction qui s’accomplissent dans les couches les plus profondes. Ce sont les blocs flottants, les montagnes de glace que les navigateurs rencontrent quelquefois remontant du sud au nord le détroit de Davis, et refoulant avec force autour d’eux les courants de surface qui semblent vainement s’opposer à leur marche. Leur tête ne s’élève pas au delà de quelques centaines de pieds ; mais leur base, sept fois plus enfoncée dans les eaux, subit entièrement l’impulsion des contre-courants qui dominent entièrement dans les régions inférieures.

Il existe donc, dans la partie septentrionale de l’océan Atlantique, une voie sous-marine d’écoulement analogue à la grande artère de communication que le parcours des baleines nous a fait reconnaître tout le long des côtes de