Dans une nouvelle communication, M. Daubrée nous apprend que M. Nordenskiöld et ses compagnons firent une halte à une station de pêche dans le petit détroit formé par les îles Binchowski, archipel situé dans les bouches du Ieniseï entre 69 degrés ⅓ et 70 ⅓. La saison de la pêche était passée, et l’endroit était par conséquent désert mais ravissant. Le 28 août, ils passèrent avec leurs canots entre plusieurs îles couvertes d’une végétation luxuriante et terminées du côté du fleuve en terrasses taillées à pic, d’où s’étaient détachés d’énormes blocs de tourbe. Le passage suivant est important à noter :
« Nous étions encore beaucoup au nord du cercle polaire : comme bien des personnes s’imaginent que cette contrée est un grand désert couvert de glace et de neige, ou avec une végétation très minime de mousse, il faut remarquer que tel n’est point le cas. Au contraire, comme je viens de le dire, nous ne vîmes, en remontant le Ieniseï, de neige qu’à un seul endroit, dans une anfractuosité très profonde ; surtout sur les îlots que les eaux du fleuve inondent au printemps, la végétation était telle, que j’ai rarement vu quelque chose de pareil. »
Voici principalement qui intéresse l’avenir et qu’on ne lira pas sans quelque surprise :
« La fertilité de la terre, l’immense étendue des prairies et la richesse en herbes excita déjà ici l’envie d’un de nos baleiniers, propriétaire de quelques lambeaux de terre dans les montagnes les plus septentrionales de la Norwège. Il trouvait que le bon Dieu avait donné un bien beau pays « au Russe », et il fut tout étonné de ne pas voir des bestiaux paître ou des faulx couper l’herbe. Nous