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Page:Rambosson - Histoire des Météores, 1883.djvu/245

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chargée de vapeurs sèches, il en résulte une tempête que les Grecs nomment ecnéphias ; si, roulés dans un cercle moins vaste ils rompent la nue sans faire jaillir d’éclairs ou de foudres, ils forment un tourbillon appelé typhon, c’est-à-dire une nue qui crève en jetant de l’eau autour d’elle. Ce typhon entraîne avec lui des glaçons qu’il en détache, les roule, les tourne à son gré ; son poids s’en augmente, sa chute s’en accélère, et sa rotation rapide le porte de lieu en lieu. Nul fléau n’est plus fatal aux navigateurs ; non seulement il fracasse les antennes, mais les vaisseaux mêmes, en les tordant. Le vinaigre, naturellement très froid, répandu à sa rencontre, offre un petit remède à un si grand mal. Le typhon, en tombant, se relève par l’effet du choc même, et, pompant ce qu’il trouve à l’instant de la répercussion, il l’enlève et le reporte dans la région supérieure. »

On voit que l’imagination et la fantaisie tiennent beaucoup de place dans cette description des trombes par Pline.

« Camõens, dans les Lusiades, nous en donne une splendide description :

« J’ai vu … non, mes yeux ne m’ont point trompé ; j’ai vu se former sur nos têtes un nuage épais qui, par un large tube, aspirait les eaux profondes de l’Océan.

« Le tube à sa naissance n’était qu’une légère vapeur rassemblée par les vents ; elle voltigeait à la surface de l’eau. Bientôt elle s’agite en tourbillon, et, sans quitter les flots, s’élève en long tuyau jusqu’aux cieux, semblable au métal obéissant qui s’arrondit et s’allonge sous la main de l’ouvrier.