Page:Rambosson - Histoire des Météores, 1883.djvu/246

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« Substance aérienne, elle échappe quelque temps à la vue ; mais à mesure qu’elle absorbe les vagues elle se gonfle, et sa grosseur surpasse la grosseur des mâts. Elle suit en se balançant les ondulations des flots : un nuage la couronne, et dans ses vastes flancs engloutit les eaux qu’elle aspire.

« Telle on voit l’avide sangsue s’attacher aux lèvres de l’animal imprudent qui se désaltère au bord d’une claire fontaine. Brûlée d’une soif ardente, enivrée du sang de sa victime, elle grossit, s’étend et grossit encore. Telle se gonfle l’humide colonne, tel s’élargit et s’étend son énorme chapiteau.

« Tout à coup la trombe dévorante se sépare des flots, et retombe en torrents de pluie sur la plaine liquide. Elle rend aux ondes les ondes qu’elle a prises, mais elle les rend pures et dépouillées de la saveur du sel … »

Cette brillante description indique que ce phénomène avait été bien étudié par le poète portugais.

III.

Pendant une après-midi, près de l’équateur, M. Roussel, capitaine du Regina-Cœli, navire sur lequel est arrivée cette fameuse révolte de noirs dont tous les journaux ont parlé, attira mon attention sur des vapeurs qui s’élevaient de la mer, sous la forme d’entonnoir, pour en rejoindre d’autres qui, sous la même forme, semblaient descendre des nues, en sorte que le tout avait l’aspect d’une colonne se renflant progressivement aux deux extrémités ; vers le tiers de la hauteur, plus près de la mer