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LA VIE ET LA MORT


Puis, montant tout là-haut, sur son trône écarlate,
Par dessus le brouillard des mondes qu’il jeta,
Comme un grand roi doré dont l’œil fier se dilate
En oyant bruire au loin son peuple, il écouta.
 
Il entendit l’immense alléluia des choses !
Il entendit des chœurs de globes florissants
Entonner, éperdus, des chants d’apothéoses,
En lui noyant les pieds de nuages d’encens.

Il vit l’éternité palpitante d’extases,
Il vit, dans une intense et profonde clameur.
L’orgue de l’univers hennir d’ardentes phrases
Pour fêter à jamais le triomphal Semeur !

Mais soudain il pâlit. De cette mer astrale
Une plainte montait sourdement vers les cieux,
Montait, enflait, croissait, dominant de son râle
Toute l’ovation du firmament joyeux.