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LA VIE ET LA MORT


Quel esprit ténébreux, quel démon, quel bandit,
Quel pervers à jamais haïssable et maudit,
En trouvant cette larve, a dit à sa trouvaille :
« Animal, ne fais rien comme les animaux :
Possédant tous les biens, accable-toi de maux,
Sois absurde : mets-toi des bottes et travaille !

« Fais des énormités cocasses : rase-toi !
Sors coiffé d’un gibus comme une tour d’un toit !
Fais de la Politique ou fais de la Science !
Défends-toi d’embrasser tout tendron qui te plait,
Et, pouvant brouter l’herbe au champ, comme un mulet,
Mange ton foin dans un saladier en faïence !

« Sois le plus idiot des êtres idiot- ;
Gave ta conscience et prive tes boyaux :
Sois philosophe, sois niais, sois mariable !
Imagine des rois, des juges ou des dieux ;
Sois fourbe, abject, mesquin, vil, ignominieux,
Et. pour tout dire enfin, civilisé, que diable ! »