Page:Rameau - La Vie & la Mort, 1886.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
15
LA VIE ET LA MORT


Car, pensez-vous vraiment que cela soit venu
Tout seul, dans des cerveaux, ce désir biscornu
De payer des impôts, d’être Français ou Suisses ?
Et qu’un enfant qui nait soit pénétré qu’il faut
Donner des ronds d’argent s’il veut manger du veau,
Quand il pourrait en mordre à même dans leurs cuisses ?

Car, pensez-vous enfin que nous ayons reçu.
Du putride ferment qui nous aurait conçu,
Des mains, des pieds, un front, des os et de la graisse
Pour tout gâcher au feu d’un travail infamant,
Et non pas pour le faire embellir calmement
Dans ton huile onctueuse, ô divine Paresse ?

Oh ! farce ! oh ! gigantesque amas d’insanité !
Civilisation, décrets, société :
Pâtée à sots, bouillie à chats, soupe à ministre- :
Règlements de Bicêtre et lois de Charenton !
Mais, pour vous faire, où diable, où diable trouva-t-on
Assez d’ânes, assez de fous, assez de cuistres ?