Page:Rameau - Notes historiques sur la colonie canadienne de Detroit, 1861.djvu/16

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pour remplacer les soldats établis, il donnait lui-même l’exemple et l’élan pour les travaux de la culture, et l’activité fructueuse qu’il y déploya est incontestable aujourd’huy.

Malheureusement il avait peu d’élévation dans l’intelligence, il était gascon et il avait le cœur sec, pour racheter la modicité des produits que donnait cet établissement encore tout naissant, il fut âpre et cupide, ne comprenant pas qu’il allait par la même contre le sentiment dominant de sa création, qui était toute d’avenir ; de plus il était hâbleur et vindicatif, spirituel mais sans tact et ne sachant pas retenir une plaisanterie mordante ; il se fit beaucoup d’ennemis, et dans l’établissement même il suscita beaucoup de plaintes contre lui. Ses ennemis le firent arrêter dans un voyage qu’il fit à Québec en 1709, son procès le ruina et il fut obligé d’abandonner aux mains du gouvernement royal tout ce qu’il avait fait à Détroit.

Nous le retrouvons peu d’années après gouverneur de la Louisiane, ou il resta audessous du médiocre, il avait perdu son activité juvénile, le chagrin et les revers avaient émoussé cette ardeur gascone, et il ne lui restait plus que ses défauts et son esprit de saillie, qui en firent le plus détestable administrateur qu’on ait jamais envoyé dans les colonies Françaises.