Page:Rameau - Notes historiques sur la colonie canadienne de Detroit, 1861.djvu/50

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qu’ils surent s’y créer une existence heureuse dans sa simplicité et plus enviable peut être que le mélange de faste et de misère qui s’y rencontre aujourd’huy. Mais il y a un siècle on ne voyait guères de luxe dans l’Ouest, pas plus qu’on n’y rencontrait d’Anglais, ni d’Américains, ils se tenaient chaudement dans leurs demeures sur les rives de l’Atlantique à l’abri de leurs grosses cités commerçantes, — ils n’avancèrent que peu à peu et ce n’est que lorsqu’ils se sentirent appuyés par des établissements nombreux et proches qu’ils se hasardèrent franchement à venir dans ces pays éloignés, recueillir la récolte que vos pères y avaient préparé avec tant de danger et de travail ; récolte qui commençait à être mûre quand il fallut la partager avec les ouvriers de la onzième heure.

Ces anciens pionniers n’étaient donc ni si timides, ni si malavisés qu’on veux bien le dire, et s’ils ont été à la longue débordés et primés par les envahisseurs, c’est que ceux-ci plus nombreux, et plus riches, étaient soutenus par une société puissante et toute proche, par une immigration incessante tandis que la modeste colonie française était abandonnée à sa propre faiblesse, et séparée de la mère-patrie.

Doués d’une impertinente effronterie qui