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reste par le traité de Versailles qui envisage des mesures sociales, économiques précédant des actes militaires.

Ces mesures économiques préventives seraient sans doute préférables à tous moyens de guerre terrestre, maritime ou aérienne, technique, chimique ou bactériologique. Malheureusement la guerre sera rendue inévitable si l’Allemagne ne se rend pas. La forme économique de la guerre d’un État contre un autre risque d’amener la guerre par les armes plutôt que de la conjurer. Si elle suffisait au maintien de la Paix les gouvernements pourraient liquider l’industrie des armements, mais il est suffisamment démontré que les méthodes de lutte économique ne suffisent pas à garantir les peuples contre la guerre.

Une lutte économique se traduisant par un blocus total met les populations du pays visé en présence de cette alternative : ou mourir de famine en masse, ou se révolter contre leur propre gouvernement si celui-ci ne veut pas se rendre à temps. C’est pourquoi aucun gouvernement ne subirait un blocus ou un encerclement sans se déclarer « attaqué » et alors commencerait la guerre armée par laquelle le peuple est si bien décimé qu’il n’a plus possibilité de se révolter, surtout dans notre temps d’attaques brusquées et d’engins de mort perfectionnés.

Toutes les préparations de « défense passive » n’y changeront rien. Toutes ces « masquerades » ne serviront qu’à démontrer, après coup, leur grande tromperie[1].

D’ailleurs un gouvernement encerclé économiquement fera d’autant plus vite la guerre armée que la technique moderne de la guerre permet aux éléments directeurs de diriger sans être moindrement dans la zone du danger ; cette technique a seulement besoin de petits groupes bien armés entrant en campagne ; tous les dirigeants seront hors de danger tandis que de larges masses du peuple seront massacrées.

  1. L’ex-ministre et sénateur français Henry Lemery dit (« La guerre aérienne de l’avenir ») : « L’avion militaire est une arme agressive, et surtout une arme agressive contre laquelle il n’y a pas de défense.