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Il est dommage que nos critiques n’aient rien de mieux à nous opposer que nos ennemis. Je ne vois qu’une différence entre les uns et les autres : nos ennemis ne veulent pas que nous progressions et nous empêchent sciemment d’avancer ; nos critiques rendent notre marche plus pénible, mais pour la plupart sans le vouloir,


Pierre Kropotkine et l’anarchisme communiste

Comme Kropotkine est le théoricien le plus important de l’anarchisme communiste, il importe d’examiner à nouveau ses théories. C’est d’autant plus important qu’on a osé prétendre que Kropotkine avait changé d’opinion durant les dernières années de sa vie, surtout en ce qui concerne la période transitoire de la révolution sociale.

Rien n’est plus faux.

Ceux qui émettent pareille assertion se basent surtout sur le dernier chapitre des « Paroles d’un Révolté », écrit le 5 décembre 1919, figurant dans l’édition russe. Mais ce chapitre ne justifie en aucune façon l’imputation faite à Kropotkine d’un changement dans ses idées.

Kropotkine l’écrivit dans un temps et dans un pays où il avait l’occasion de se rendre exactement compte de l’impuissance de la construction marxiste-gouvernementale. Mais en même temps force lui était de prendre de grandes précautions, s’il ne voulait pas se faire poursuivre et tout à fait supprimer. C’est pourquoi il ne mentionne pas une seule fois le bolchévisme, alors qu’il vivait en Russie, sous sa dictature, et certainement tout ce qu’il écrit se rapporte incontestablement à lui. Dans le chapitre dont s’agit, Kropotkine démontre l’incapacité absolue du bolchévisme et du marxisme à accomplir une révolution sociale et il y réfute aussi cette constatation absurde du marxisme, que le capitalisme conduit à une « superproduction » et qu’un gouvernement marxiste, avant le pouvoir total, suffirait à donner aux prolétaires toutes les conditions nécessaires de vivre. Kropotkine démontre qu’une révolution marxiste conduit à une misère pire que celle produite par le capitalisme, car la bureaucratie qui le dirige est incapable d’organiser la société d’après les principes de la liberté et de la libre consommation. Ce qu’une révolution anarchiste, qui se poursuivra sous