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en Europe et en Amérique, des expériences sérieuses pour créer au sein de la classe ouvrière — au milieu des ouvriers, des paysans et des intellectuels — des esquisses de la révolution future, en désobéissant aux ordres d’en haut, mais en se mettant en état d’élaborer les formes libres d’une vie économique tout à fait nouvelle. »

Je ne puis voir dans ces mots de Kropotkine une négation de l’anarchisme. Ils montrent les principales conditions nécessaires pour une révolution sociale à tendances anarchiste.

Mais il y a du nouveau dans ce chapitre, que les critiques de l’anarchisme ne semblent pas apercevoir : Kropotkine y met fin aux vieilles conceptions d’une révolution militaire violente ; on y trouve, au lieu d’elles, la reconstruction économique de la vie, telle que je me suis efforcé de les indiquer dans ma « Reconstruction de la Société ».

Des révolutions de 1917 et des suivantes, en Autriche et en Allemagne, Kropotkine a tiré comme nous cette grande leçon :

La révolution sociale des peuples est inutile et échoue si elle n’aboutit pas à l’anarchisme.


Qu’est-ce que c’est l’anarchisme et que promet-il ?

L’anarchisme a revendiqué pour la première fois la liberté et l’indépendance économiques conjointement à la liberté politique. Les révolutions sociales et surtout la Déclaration des droits de l’homme en France (1789) ont beaucoup éclairé les esprits en ce qui concerne la liberté individuelle, mais la liberté économique est restée négligée. Les fondateurs de l’anarchisme ont eu la hardiesse de démontrer qu’il n’existe pas de liberté individuelle sans la liberté économique. L’anarchisme a nié l’autorité non seulement dans le domaine politique, mais aussi dans celui de l’économie. Le résultat de cette négation a été l’idée libératrice de l’anarchisme.