Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/101

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On avait construit un pont de danse sous les ormes, derrière l’auberge. Vers les cinq heures, la musique arriva, et ils étaient six, trois pistons, une clarinette, un bugle et un trombone. Alors, ayant bu un verre pour se donner du souffle, ils s’assirent sur l’estrade enguirlandée et la danse commença. Les gros souliers battaient les planches en mesure et les musiciens, gonflant leurs joues, jouaient sans faire attention, tant ils avaient l’habitude. On n’entendait de loin que le trombone qui poussait ses grosses notes espacées comme un ronflement ; de plus près, les pistons aigus mêlés au bruit des pas qui marquaient la cadence faisaient un grand tapage. Après chaque danse, les musiciens remplissaient leurs verres qu’ils vidaient d’un seul coup, la foule envahissait l’auberge et les filles avec leurs ceintures de