Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/104

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— Écoute, dit Aline, si on dansait aussi, on entend assez la musique.

— Oh ! allons-y, si tu veux.

Elle dit :

— Je n’osais pas te demander.

— Pourquoi pas ?

— Comme ça.

— Comme ça, dit-il, on sera aussi de la danse.

Ils dansèrent sous le grand poirier. Leurs haleines confondues leur échauffaient le visage. Aline fermait les yeux, la tête appuyée sur l’épaule de Julien et leurs jambes se mêlaient. Parfois la musique faiblissait et ils piétinaient sur place ; quand elle recommençait, ils tournaient plus rapidement pour rattraper la mesure. Et toute la nuit tournait autour d’eux, avec le poirier, les collines, le bois et même le ciel et les étoiles, comme une grande danse du monde.