Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/105

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Ils tournèrent ainsi longtemps. Mais Julien glissa sur l’herbe. Et il se dit tout à coup que les autres dansaient sur un plancher avec de la lumière et de quoi boire, et eux dans un pré mouillé, sous un arbre, comme des fous. Une espèce de colère lui entra dans le cœur. Il s’arrêta et il dit :

— J’en ai assez !

— Déjà !

— Eh bien, dit-il, il y a un quart d’heure qu’on tourne.

Ils se regardèrent, ils se voyaient à peine. Des noyers noirs et compactes comme des blocs de rocher fermaient la prairie.

Aline dit :

— Tu es fâché.

— Oh ! dit-il, c’est la fatigue.

Elle soupira. L’orchestre commençait la dernière valse.

Le vrai amour ne dure pas longtemps.